Notre réponse à la marche du 2 octobre


October 13th, 2021

Il nous a été demandé par un membre qui n’a pas un compte Facebook de republier ce texte que nous avons publié sur notre page Facebook vendredi passé.

Aux résidents et commerçants de Milton-Parc,

Plusieurs résidents du quartier nous ont demandé si nous étions impliqués dans la manifestation « Revitalisons Milton-Parc » du 2 octobre dernier. Bien que nous encourageons évidemment les initiatives locales pour améliorer la qualité de vie du quartier et le sort des plus vulnérables (après tout, c’est notre raison d’être des 50 dernières années), nous avons décliné toute implication dans cet événement public. Nous reconnaissons le climat qui se dégrade dans Milton-Parc depuis le début de la pandémie et des effets dévastateurs tant sur les résidents logés que sur les non-logés. La situation ne peut pas perdurer et nous encourageons la mobilisation citoyenne contre les lacunes et les échecs de nos gouvernements. Par contre, nous sommes également préoccupés par le message ambigu du Collectif des résident-e-s de Milton-Parc, qui vise de manière préjudiciable les autochtones de notre quartier.

– En niant de manière proactive que Montréal soit une terre autochtone non-cédée,

– En suggérant la répression policière et celle de la santé publique, en tant que moyens pour lutter contre l’itinérance,

– En prétendant représenter la « majorité silencieuse » face à une minorité qui serait trop visible,

Et

-En mettant l’accent sur le « nettoyage » du quartier et les incivilités, plutôt que sur l’aide aux démunis,

Les demandes du collectif n’ont pas su démontrer, à notre avis, une compréhension de la complexité des enjeux actuels d’itinérance et de racisme systémique. Ces positions ont un effet déshumanisant envers les personnes vivant en situation d’itinérance et s’avèrent contre-productives pour combattre l’itinérance.

Le CCMP tient donc à se dissocier de cette ligne de pensée, très loin des valeurs de solidarité et de justice sociale qui caractérisent le militantisme de notre Comité. Encore une fois, nous encourageons les initiatives citoyennes et communautaires pour faire pression sur nos gouvernements pour des solutions durables, mais cette pression ne doit en aucun cas être exercée contre nos concitoyens, encore moins contre les plus vulnérables d’entre nous.

Par la présente, le CCMP réitère son appui aux revendications suivantes:

– Un soutien administratif et financier solide et permanent pour des initiatives gérées par des administrateurs d’origine autochtone.

– Des travailleurs de rue présents 24/7 à Milton-Parc pour offrir des secours de première ligne, en offrant du support psycho-social et en assurant la liaison avec les différentes ressources, et pas seulement pour gérer les incivilités.

– Un investissement public massif dans les infrastructures, notamment pour le Royal Victoria et l’Hôtel-Dieu, ainsi que sur d’autres terrains vacants du quartier pour des logements transitoires et permanents à prix abordable.

– L’action directe, l’entraide et l’éducation populaire, menées par des citoyens du quartier pour sécuriser et protéger les personnes sans logement face à l’hostilité et aux lacunes des institutions gouvernementales.

Bien que certaines de ces revendications semblent rejoindre celles du Collectif à l’origine de la marche du 2 octobre, voici celles dont le CCMP souhaite se dissocier de manière claire:

– L’augmentation de la présence et de la répression policière, comme solution afin de « déplacer » ces personnes ailleurs, de manière directe ou indirecte (par l’installation de clôtures hostiles ou par la distribution de constats d’infractions, par exemple)

– Le déni de la discrimination factuelle, historique et dont les peuples autochtones sont la cible, encore aujourd’hui, autant par des individus que par des institutions comme le SPVM ou les services de santé, comme en témoigne leur surreprésentation dans la communauté itinérante.

Pour plus d’information sur la position du CCMP sur le sujet, nous vous invitons à consulter notre mémoire sur l’itinérance et l’addenda correspondant. Parmi d’autres ressources, nous vous invitons également à consulter le Rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, les disparus et le Rapport final sur les femmes et filles autochtones assassinées, ainsi que des organisations communautaires locales telles que l’Indigenous Street Worker Project, le Centre d’amitié autochtone de Montréal et le RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal.